L’année 2020 est celle de la bande dessinée, le 9e art. Elle est prolongée jusqu’en juin 2021.
Ainsi donc, du 10 septembre au 18 octobre 2020, la galerie* de l’Institut de France, Pavillon de la Comtesse de Caen, quai Conti, présente le travail Emmanuel Guibert auteur de biographies en bandes dessinées. L’invité de l’Académie des beaux-arts a obtenu le grand prix du 47e Festival international de la bande dessinée d’Angoulême.
L’artiste présente aujourd’hui des dessins mais aussi toute la documentation réunie pour alimenter les récits, des photos, des diaporamas, des objets.
Il raconte la vie de deux amis
Le G.I. Alan Ingram Cope, né en Californie en 1925, a été envoyé en France lors de la seconde guerre mondiale. Il est resté après la guerre. Il a travaillé comme civil dans les bases de l’armée américaine en France et en Allemagne. Il écrivait des poèmes, faisait des émaux, du modelage et jouait du piano.
A la retraite, il s’était installé dans l’île de Ré où aura lieu leur rencontre en juin 1994. Il est décédé en 1999 à La Rochelle.
L’enregistrement de ses souvenirs va marquer le début des récits dessinés : La guerre d’Alan, en 3 volumes (2000-2008), L’enfance d’Alan (2012), Martha et Alan (2016). Le commissaire de l’exposition Philippe Ghielmetti vient de produire le CD La musique d’Alan sorti en août 2020.
Emmanuel Guibert a 14 ans quand il emménage dans l’immeuble où vit Didier Lefèvre qui est alors étudiant. Il débutera en biologie chez Médecins sans frontière avant de devenir leur photographe et les suivre sur le terrain, dans la corne de l’Afrique, au Sri-Lanka, en Amérique du Sud, en ex-Yougoslavie…
On pourra voir dans l’exposition le Leica de Didier Lefèvre décédé en 2007 d’une crise cardiaque.
Déménagement après déménagement, les amis ne se perdront pas de vue. Il lui a raconté, photos à l’appui, ses voyages, notamment en Afghanistan dans la province du Badakhshan où il retournera de nombreuses fois.
Ainsi « Le photographe » sera publié en 3 volumes (2003-2006) et réalisé avec le graphiste Frédéric Lemercier.
« Quand un dessinateur a envie de célébrer un ami présent ou de revoir un ami absent, il a la ressource de le dessiner. Quand il veut l’entendre, il place une bulle devant ses lèvres et lui fait prononcer une phrase. Ainsi s’instaure une conversation qui peut accoucher de milliers de dessins et de phrases consécutifs ; ce qu’on appelle une bande dessinée. Je raconte des vies en bande dessinée. »
Cette exposition évoque ainsi avec ces deux vies, la crise de 1929 en Californie, la Seconde Guerre mondiale en Europe, l’Afghanistan des années 1980 occupé par l’Armée rouge.
L’auteur aime indiquer qu’il ne fera la biographie ni de gens connus ni de gens qu’il n’a pas connus.
La Bande dessinée sous la Coupole de l’Institut
La section peinture de l’Académie des beaux-arts accueillait, pour la première fois, la bande dessinée, le 15 janvier 2020 avec l’élection de Catherine Meurisse au siège d’Arnaud d’Hauterives. Cette dessinatrice, caricaturiste et reporter avait rejoint l’équipe des dessinateurs de Charlie Hebdo (2005-2016). Elle a raconté sa reconstruction après l’attentat dans « La légèreté » écrit en partie lors d’un court séjour à la Villa Médicis, à Rome. Ses récits lient érudition et humour comme dans « Mes hommes de lettres » (2008). Elle a établi un dialogue entre les arts. Avec la danse, le théâtre, elle utilise différentes pistes dessinées. Elle travaille pour la presse adulte et jeunesse, l’édition jeunesse et la BD. Sa Causerie sur Delacroix, d’Alexandre Dumas (livre BD publié aux éditions Drozophile) a été réédité en 2019.
*Entrée libre, du mardi au dimanche de 11h à 18h
Photos du vernissage : Juliette Agnel/Académie des beaux-arts
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